TEXTE n°6

Titre : FIN DE VIE

Date: Lundi 21 Février 2000
Mots clefs : ENVIRONNEMENT, IMAGE, INCINERATION, RECYCLAGE

Collecte du VerrePoubelle

Question : Quelle est la meilleure façon d'éliminer les déchets ménagers ? Réponse...

=> mes liens environnement

DÉVELOPPEMENT

La réponse à la question "quelle est la meilleure façon d'éliminer les déchets ménagers ?" n'est pas unique. Répondre à cette question, c'est comparer différentes alternatives. C'est une partie de l'objet de mon travail, qui consiste, suivant le cas local, à étudier différents scénarios de fin de vie.
Mais pourquoi ai-je envie de traiter ce problème ici ?
La raison principale est que je lis encore dans les communiqués des instances dirigeantes de la France (et d'ailleurs) que le recyclage est la meilleure solution. Je le lis aussi sur le site web de GreenPeace. Je l'entends encore dans la bouche des gens qui m'entourent quand je ne leur en ai pas encore parlé... et cela a le don de m'énerver !!!

Je veux ici informer afin de lutter contre cette propagande qui dit que le recyclage est LA seule solution.

Les différentes solutions de fin de vie (approche simplifiée)

Les différentes solutions de fin de vie sont multiples. Elles dépendent du type de déchet (exemple: papier ou acier) et de sa présentation (trié, ou mélangé).
On peut régénérer le déchet (exemple : une bouteille de PET) et le transformer en une nouvelle ressource (exemple : des granulés de PET). Cette ressource va pouvoir alors être utilisée comme une matière première dans la fabrication de produits (exemple : des pull-overs). C'est ce que l'on appelle "recyclage". Souvent le produit nouveau est différent du premier produit, car la ressource se dégrade. De plus, un peu de déchet est produit lors du recyclage. Enfin, il faut trouver des débouchés pour les nouvelles ressources.
Une image juste pour le fun...On peut nettoyer le déchet (exemple : une bouteille de verre) et le réutiliser de la même façon. C'est ce que l'on appelle tout simplement "réutilisation", la plus souvent suite à une consigne. Souvent le produit est un peu plus abîmé qu'avant à la suite d'une réutilisation. il y a donc un nombre de fois maximum (non infini) de réutilisation, soit un taux de perte sous forme de déchets.
On peut brûler le déchet. C'est ce que l'on appelle "incinération". Les incinérateurs aujourd'hui sont accusés d'émettre des dioxines. C'est vrai pour les anciens. Les nouveaux respectent la réglementation les concernant. les résidus d'incinération sont des déchets aussi. L'incinération réduit la taille (volume) des déchets à mettre en décharge.
On peut récupérer l'énergie de la combustion précédente et la transformer en vapeur ou en électricité qui est ensuite distribuée. C'est ce que l'on appelle "incinération avec valorisation énergétique".
On peut aussi composter les déchets pour en faire des engrais. On fait alors de l'épandage.
On peut enfin mettre les déchets en décharge, spécifiques suivant leur nature.

L'intérêt des différentes solutions (approche simplifiée)

La mise en décharge est la solution la plus simple. Si la décharge est bien conçue (gestion des lixiviats, gestion des émissions atmosphériques de CH4...) le déchet, une fois stocké là ne pollue plus du tout. De façon définitive. Le gros problème est le volume des déchets et le fait que personne ne veut voir une décharge à sa porte. Un autre problème est le "gâchis" réalisé...
L'incinération permet de réduire le volume des déchets mis en décharge. Son intérêt par rapport à la mise en décharge est déterminé par la quantité d'émissions atmosphériques à l'incinérateur comparées à celles de la décharge.
L'intérêt de la réutilisation tient à la balance entre les impacts du reconditionnement du produit (consommations de matières premières, émissions dans l'air, l'eau et production de déchets) et la production d'un produit neuf. En général, le reconditionnement est responsable de plus d'émissions aqueuses que la production du produit neuf, mais consomme moins d'énergie et est la cause de moins d'émissions atmosphériques...
De la même façon, pour le recyclage, on va comparer les impacts de la régénération à ceux de la production de la matière première neuve qu'il faudrait produire s'il n'y avait pas la matière première régénérée.
Enfin, pour l'incinération avec valorisation énergétique, on va comparer les émissions atmosphériques de l'incinération à celles de la production d'énergie considérée comme économisée. En général, la valorisation énergétique économise des ressources et des émissions dans l'air.
En conclusion, on a toujours une balance entre des impacts créés dans l'environnement (par l'incinération ou la régénération) et des impacts évités (par la valorisation énergétique ou l'utilisation à la place de matière vierge) sur l'environnement. En général, l'incinération avec récupération énergétique est intéressante, ainsi que le recyclage. Du moins on se débrouille, par des procédés adéquats, pour que cela marche. Il faut alors comparer les deux.
Il faut noter que parfois les procédés de collecte et les distances de transport (dont je n'ai pas parlé jusqu'à présent) peuvent grever le bilan et rendre le recyclage (loin) pire qu'une bête incinération (proche).

Recyclage ou Incinération avec valorisation énergétique ?

Il n'y a pas de réponse universelle. Ce que l'on peut dire d'universel est que "recyclage" et "incinération avec valorisation énergétique" peuvent permettre d'économiser des matières premières (même l'incinération, car elle évite de brûler du pétrole dans nos centrales électriques, ou de consommer de l'uranium !!!), de diminuer les émissions dans l'air, dans l'eau et la quantité de déchets produite.
Ensuite, on va comparer les écarts, milieu par milieu, déchet par déchet... et prendre la bonne décision concernant la fin de vie de chacun des déchets de notre poubelle. Cette décision sera adaptée au tissus industriel local...
Et il faut arrêter de dire que le recyclage est bon pour l'environnement à tous les coups : c'est faux parfois, et il faut se casser la tête pour que cela soit vrai (i.e. établir un procédé adapté).
Il faut arrêter de dire que le recyclage est meilleur que la valorisation énergétique : c'est faux parfois (cela se discute) et les dioxines ne sont pas le seul polluant toxique qui existe. Les régénérations peuvent engendrer des pollutions aqueuses toxiques elles aussi.
Il faut accepter de réfléchir et d'écouter les résultats de calculs objectifs et indépendants.

La position française

La France (les instances gouvernementales) est très au courant de cette dialectique
Eco-Emballages, l'organisme en charge de collecter la taxe sur les emballages et de la redistribuer sur des projets d'installation d'incinérateurs, de centres de tri, de régénération et de recyclage, dispose d'un outil informatique destiné à calculer pour les collectivités locales les bilans environnementaux comparés de différentes solutions de fin de vie pour leurs déchets, afin d'optimiser leur choix d'investissement. Cet outil informatique a été développé par Ecobilan (la compagnie où je travaille), ainsi que l'expertise nécessaire à l'interprétation des résultats. Il a été financé par Ecobilan, Eco-Emballages et l'ADEME.
Une loi a été votée au parlement pour interdire à partir de 2002 la mise en décharge de déchets non ultimes, i.e. non résidus d'incinération ou de régénération. Cette loi favorise ainsi les autres modes de fin de vie.
Le Ministère de l'Environnement, d'un point de vue technique, reconnaît l'utilité des calculs d'analyse de cycle de vie...
C'est bien.
La France (les même) informe peu ses citoyens à ce sujet. Cela DOIT être amélioré. Cette dialectique n'est pas si dure à comprendre.

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Voyages et Environnement, le site de Philippe OssetCompteur