Mon service militaire dans la Marine Nationale en 1993C'est moi ici, en train de me prendre en photo, histoire de voir ce que cela donne...

Officier Chef de Quart...

Cliquez sur le drapeau pour revenir à la page d'accueil des sujets "France" J'ai été volontaire pour aller dans la Marine. En effet, je voulais faire quelque chose de différent pendant mon service militaire, de différent par rapport à mon travail à venir (donc pas de coopération), et aussi par rapport à mon passé. J'ai choisi la Marine par ce que j'aimais la mer, et que j'étais sûr d'y trouver du dépaysement. Le fait d'être à l'ECP faisait qu'un dossier seul était à remplir pour être officier (pas de PM), ce que j'ai fait. Et j'ai été pris.

J'ai fait mes classes à Brest, comme tout EOR Marine à l'époque, c'est à dire 150 élèves par an, en une seule promotion. Les classes duraient trois mois, suivies d'un an sur un bateau. Mes classes se sont bien passées, et je suis arrivé, après un apprentissage théorique (l'essentiel des trois mois) et pratique (deux fois une semaine en mer, si je me souviens bien) du rôle de Chef de Quart, sur un Chasseur de Mines Tripartite (CMT) basé à Brest, le Cassiopée.
Mon bateau...C'était un petit navire, comparé aux avisos et frégates, mais ils avaient la côte. En fait, comme le bateau était petit, l'EOR voyait qu'il allait avoir plus de responsabilités, plus d'intérêt, ce qui n'est pas faux. Les affectations outre-mer étaient pour les premiers au classement de fin de classes... venaient ensuite les bateaux comme le mien, puis les moyens, les gros bateaux et enfin les affectation en CROSS (à terre, pour ceux qui étaient vraiment malades en mer).

Le CMT, est un bateau de 50m de long, 8m de large et l'oeil du Chef de Quart est à 8 m au dessus de l'eau pour un tirant d'eau de 3m (un vrai bouchon), avec 50 hommes à bord, et faisant 600 tonnes. Il possède deux mini-sous-marins téléguidés qui déposent des charges d'explosifs pour faire sauter les mines, et de six plongeurs (ayant la même fonction).La phare de JobourgIl y avait 5 officier, dont moi, en cinquième. J'étais donc au carré officiers, en haut. Il y avait 42 engagés et 8 appelés, dont moi... en bas. Cette position en grand écart était souhaitée par le commandement. Elle visait à créer une fonction, celle de "midship", qui faisait "le grand écart" entre tous à bord, une espèce de lien entre les jeunes et les moins jeunes, les appelés et les engagés, les officiers, les officiers mariniers et les matelots. C'était intéressant et difficile.

Mon rôle officiel à bord était multiple. Bien sûr, Chef de Quart, "lâché" de quart au bout d'un mois (ou deux ?). Mais aussi, en vrac, chargé de la "reconnaissance des bateaux", de la coopérative (comptable, acheteur, encadrant le vendeur), des distractions (location de films, organisation de sorties à terre, organisation de rencontres avec d'autres navires de toute nationalité), des sports (organisation de footings, de matchs de foot), officier de garde (surtout les jours de fête et d'exercice !), pompier lors des exercices... Un jour l'officier en quatrième (j'étais l'officier en cinquième) s'est fait débarquer par le commandant. J'ai donc repris ses fonctions : responsable de l'artillerie (organisation des tirs à la mer, entretien du matériel en encadrement du SM artillerie, organisation de séances de tir à terre), responsable du corps de débarquement, responsable du renseignement... J'avais de quoi m'occuper à la fin ! Mais j'aimais cela.

Mon rôle officieux était aussi de maintenir ce lien dont je parlais, à savoir une certaine forme de cohésion, surtout assurée par la communication informelle, les sorties etc. J'étais celui avec qui chacun pouvait discuter sans crainte (n'ayant qu'un rôle "temporaire" dans l'armée) et qui était ainsi chargé de faire remonter et descendre l'information informelle. Et cela s'est bien passé, tout le monde étant très motivé à bord en permanence.

Le sémaphore de Carteret

Mais parlons de l'essentiel, la navigation. Elle se passait de jour comme de nuit, par beau ou mauvais temps, 24h/24 (tours: 8-12-15-18-20-24-4-8, à deux, trois ou quatre). Au quart, j'avais directement avec moi à la passerelle entre deux et cinq personnes assurant le contrôle de la vitesse (1), le contrôle de la barre (1) et la veille. De plus, des hommes étaient aussi de quart en machine (avec un chef de quart machine) et au CO (en opérations, avec un chef de quart opérations). Et, quand c'était à mon tour d'agir, c'était moi le chef. Le commandant donnait une "mission" et il fallait que l'ensemble des chefs de quart, l'un après l'autre 24h/24 en mer, la suive et l'accomplisse. Le Chef de Quart fait la synthèse des informations qu'il reçoit de l'ensemble des hommes qui travaillent au moment du quart, et prend des décisions pour remplir sa mission. Cela se traduit souvent par un simple "à droite 10, machines avant 180 !" mais résulte de l'appréciation d'une situation (exemple : il faut éviter un pécheur qui, le cong, ne se dévie pas alors que je suis en chasse aux mines, il y a des rochers sur la gauche et un casier à droite, mon radar me montre une mini-flottille de péchoux à 30 milles, le phare clignotant blanc est dans le 190, le phare à secteurs dans le 155 vient de passer en secteur rouge et la pointe est au 230 donc je suis là et je dois aller au 110 alors que je suis au 105...).

Ainsi, je suis allé au nord, au sud et à l'ouest. j'ai fait beaucoup de port français de la manche, j'ai navigué en mer du nord, je suis allé à Boulogne, Saint Malo, Anvers, Bristol, Inverness, Cadix, Palma, la Spezia... j'en oublie. Cela m'a beaucoup intéressé. Je présente quelques photos sur une autre page, prises pendant cette période.

Action Environnement de la Marine NationaleLes deux moments de mer dont je me souviens le mieux sont ceux où l'on est allé sauver deux navigateurs en mer, dont le bateau était en train de prendre l'eau, et une autre fois le jour où l'on est parti à la recherche d'un bateau de pêcheurs qui avaient disparu et que nous l'avons retrouvé avec son équipage (3 morts) par 40 mètres de fond. Ce second moment reste marqué dans ma tête. J'ai eu, en cette occasion unique, les réflexes qu'il fallait dans une situation difficile... Je me souviens de l'exercice d'évacuation réalisé en Méditerranée - baignade assurée par temps chaud - et du mal de mer de chien au quart que j'ai eu en sortant de l'Escaut sur une mer très hachée - heureusement j'ai été très rarement malade. Pour ce qui concerne des bons moments perso, il y en a eu beaucoup. Je me souviens de l'officier Camerounais venant passer quelques temps à bord dans le cadre de co-opération France-Cameroun. Je me souviens du vendeur coop, des plongeurs du bord, des deux commandants et des deux capitaines qui se sont succédés à bord, de Gérard, des matelots et des officiers mariniers, le radio, de PM qui a achevé ma formation... J'ai passé, pendant cette année à bord, une excellente année.

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Voyages et Environnement, le site de Philippe OssetCompteur